Black & White [PV]

Sombre comme l'âme du grand roi qui piétinait son rival, la nuit avait pris les traits d'une rare cruauté. Laissant retombée sa lame sur la gorge du souverrain d'Eternia, Agon s'arrêta juste avant de trancher la carotide, préférant conserver le plaisir de l'éliminer pour plus tard. Non, il avait plus amusant à faire pour le moment...

Artémis cette gamine m'insupporte...

D'un geste du menton, le Démon désigna la fille qui sanglottait non loin dans les bras de sa mère. Il allait bien falloir qu'il fasse quelque chose de la femme et de la fille de Krypto. Aussi décida-t'il de confiée la fille au bon soin de son cadet alors que sa mère tiendrait gentillement compagnie à son aîné qu'elle connaisait déjà très bien.

Amène-la à Valdios. Il a prit possession d'une des chambres à l'étage, tu sais comme les vêtements tâchés de sang lui font horreur.

Oui, Père...

Approchant des deux femmes, Artémis attrapa le poignet de Serenity avec rudesse pour la tirée à sa suite. La gamine avait tout intérêt à ne pas moufter ou elle risquait sérieusement de se prendre quelques coups avant d'arriver chez son nouveau géôlier.

Dépèche-toi! Je n'ai pas que ça à faire.

C'était horrible !! Cette nuit était la plus atroce que j'aie jamais vécue, ma vie fut-elle encore courte. Et peut-être qu'elle ne tarderait pas à s'arrêter pour de bon... Les démons avaient envahi le palais, Artémis nous avait trahi !! Lui qui était si gentil... Et maintenant, mon père était presque mort, devant mes yeux. Ce démon était un monstre de la pire espèce...

Alors que j'étais blottie dans les bras de ma mère, en larmes, il s'approcha de moi. J'insupportais le bourreau par mes sanglots ! Mais qu'y pouvais-je ? Il était en train de tuer mon père, et il avait tuer des centaines voire des milliers de gens avant cela !! Il me faisait peur... J'avais peur ! J'étais triste, je ne voulais pas perdre mes parents, et je ne voulais pas mourir. Mais que pouvais-je faire, du haut de mes seize ans ? Rien, nous ne pouvions rien faire, ni moi ni ma mère.

Il m'attrapa le poignet avec une telle violence que j'en eus mal. Ma mère s'accrocha à moi et je m'accrochai à elle, mais sans succès.

Maman !!!!

-Serenity ! Enfuis-toi, ne reste pas là !!

Elle avait beau me dire ça, je ne voyais pas comment j'aurais pu le faire... Je n'étais qu'une simple petite humaine, je n'avais aucun pouvoir, je ne savais pas me battre, et j'étais paralysée par la peur qui me rongeait de l'intérieur.
Cependant, je ne voulais pas rejoindre ce Valdios ! Même si le spectacle était affreux, je ne voulais pas quitter ma mère, ni mon père à l'agonie ! Je ne voulais pas me retrouver seule...

Artémis, je vous en prie... Lâchez-moi !!

Je suis totalement insensible à tes suppliques! Je savais que cela devait arrêter, alors bien sûr j'ai éviter de m'attacher à toi, fillette. Et puis, ce n'est pas comme si j'avais une quelconque raison pour trahir ce qui m'a nourrit et logé durant toute mon enfance. Toi et ta famille n'êtes qu'une bande d'idiot! Vous auriez dû capituler au lieu d'afficher le sourire de la victoire alors que des innocents mourraient sans aucune raison.

Bien décidé à séparer la fille de sa mère, Artémis l'attira vers le couloir, manquant de la faire basculée à plusieurs reprises. Heureusement qu'elle ne tombait pas, il n'aurait pas eut la patience de la relevée encore et encore!

Ce n'est pas comme si il allait te faire du mal! Ou... presque... Bah tu verras bien, de toute façon, il vaut mieux se trouver en tête-à-tête avec mon frère plutôt qu'avec mon frère, ils sont d'une cruauté bien différente.

Maintenant à dire que l'un était mieux que l'autre, c'était peut-être pas trop ça. Voyant défilés les murs et les portes, l'ancien conseiller ne tarda pas à se stopper devant la porte d'une chambre se trouvant dans l'aile royale. Bien sûr, il avait bien choisit sa place.

Sans frapper, le rouquin pénétra dans la pièce et jeta sans ménagement sa prisonnière vers le sol, qu'elle percuta violement.

Tiens cadeau...!

Et sans un mot d'explication, il les quitta en claquant la porte. Le silence ne tarda pas à s'installé alors qu'aucun des deux ne semblaient vraiment faire attention à l'autre. Ce n'est qu'après quelques instants que le fameux Valdios s'empara du vêtement propre qui reposait sur le lit, l'endossant d'un geste habile avant d'en fermer les boutons.

Relèves-toi que je t'observe petit cadeau... dit-il d'un ton ferme, sans pour autant que ce soit un ordre.

Je fus soufflée par ce qu'il me dit. Ainsi, tout n'était que mensonge... Tout n'avait été que pur mensonge depuis le début ! Dire que je l'avais cru... Et mes parents aussi s'étaient faits berner. Nous étions tous des idiots, en effet. Mais je ne comprenais pas pourquoi il faisait cela ! C'était tellement nouveau pour moi... C'était la première fois que j'avais assisté à un tel dégagement de violence. C'était horrible, et même pire ! Aucun mot n'aurait pu définir ce que je vivais !

Nous arrivâmes dans l'aile royale et il poussa la porte d'une des chambres qui n'était pas occupée en temps normal, elle était destinée aux invités de marque qui venaient nous rendre visite. Là, il me jeta au sol et je le percutai avec une violence peu commune. Certes, je trébuchais souvent, mais jamais encore on ne m'y avait jeté de cette façon... Cela faisait bien plus mal !

Artémis sortit de la pièce et le silence régna. Je n'osais pas bouger, sinon pour continuer à pleurer. Néanmoins, je me dépêchai de passer ma main sur mes yeux rougis et tentai de me calmer. J'essayais de me montrer forte... J'étais toute seule à présent, mes parents n'étaient plus là pour me protéger. Je ne voulais pas que l'on me prenne pour une gamine, qui que ce soit en face de moi.

Sa voix se fit fermement entendre, de manière désagréable. Je n'étais pas un cadeau... Je n'étais pas un objet ! Je ne me relevai pas, je gardai les yeux rivés sur le sol, mes cheveux décoiffés par la hâte cachant mon visage à sa vue. Ce n'était pas un ordre, je n'allais pas obéir. J'étais le Princesse d'Eternia, après tout ! Personne sinon mes parents ne pouvait se permettre de m'ordonner quelque chose...

Décidément, cela commencait bien! D'abord, je n'avais rien demander à personne! J'avais massacrer les habitants de cette cité désertique sans broncher et avec le sourire sadique qui va avec en plus. Tout ce que je voulais c'était rester tranquillement à buller dans cette chambre en attendant qu'on change de coin mais non, il avait fallut qu'on m'amène une fille! Chose qui ne m'intéressait absolument pas. Qu'est-ce que j'allais faire de cette blonde qui pleurait moi?!

Pfff ça sert vraiment à rien de parler gentillement...

Me penchant quelques instants vers elle, je me dépêchais de la redresser en à la tenant par les avant-bras avant de l'observer des pieds à la tête. En plus ce n'était qu'une gamine! J'avais vraiment tiré le jackpot.

C'est quoi ton nom? Si tu ne me le donnes pas je te préviens, je continue à t'appelée petit cadeau.

Pendant un instant, le silence pesa à nouveau dans la pièce, jusqu'à ce qu'il reprenne la parole. Rapidement, il se saisit de mes avants-bras afin de me relever, et je ne pus rien faire contre cela. Je détournai la tête alors qu'il m'observait comme un vulgaire bout de viande.

Je gardai mes lèvres scellées longtemps encore avant de relever les yeux vers lui, le regard suppliants tout d'abord. Mais je réussis à me resaisir et à afficher une mine plus princière.

Je suis Serenity Camélia Cassandre d.Lockart.

Mais déjà son regard me faisait perdre pieds. Je ne cessais de penser à mes parents, à mon père couvert de tout ce sang, et à ma mère qui me serrait plus tôt dans ses bras. Les larmes roulèrent à nouveau sur mes joues, incontrôlables. Venait alors s'ajouter à la tristesse de l'éloignement la peur du moment...

Qui... qui êtes-vous ??

Ah! On commence à avancer. Tu es donc la fille de Lockart...

Lâchant tranquillement ses bras, je fis quelques pas en arrière histoire de la regarder mieux avant de lui tourner autours à la manière d'un vautour avec un morceau de bidoche. Je m'arrêtais derrière elle avec un sourire avant d'effleuré du bout des doigts la chute de ses reins.

Je ne savais pas que la demoiselle était aussi mignonne. Arty avait oublier de me préciser ce petit détail. Par contre, c'est vraiment dommage que tu sois si jeune.

Et en plus, il fallait qu'elle chiale! Qu'est-ce que les humains pouvaient être ennuyant avec leurs bons sentiments, leur tristesse et leur foutue manie de le montrer quant cela n'allait pas. Il ne pouvait pas comprendre que cela mettait les autres dans l'embaras!

Juste le fils de celui qui a du te foutre la trouille de ta vie. Evite de me vouvoyez et appelle moi Valdios, ce sera moins prise de tête.

Avec un soupire d'ennuis, je la contournais pour aller me poser sur le bureau. La montée vers le Palais m'avait fatigué et pour bien faire je n'aurais rêver que de faire une bonne petite sieste avant le banquet de ce soir qui accueillerait les dernières heures du Roi d'Eternia.

C'est bon, pas besoin de sangloter durant des heures, ce n'est pas comme si ton père allait se faire descendre tout de suite. Cela se passera dans la nuit et pas avant, question de tradition...

En attendant, reste à savoir ce que nous allons faire. Pour bien faire, il faudrait que je te traumatise à vie pour que tu sois dans de bonnes conditions pour la mise à mort mais sérieusement, moi, violée des gamines, c'est vraiment pas mon truc.

Il me lâcha enfin, mais ce fut pour mieux me tourner autour, ce qui me donnait encore bien plus l'impression de n'être qu'une simple morceau de viande...
Lorsque ses doigts effleurèrent ma chute de reins, je sursautai et fis un bond en avant pour m'écarter de lui. Je me retournai pour lui faire face et éviter un autre geste de ce genre. Je n'allais tout de même pas me laisser faire, même en étant désespérée !!

Dans un autre registre, je fus assez vexée par le fait qu'il me trouve jeune. Certes, je n'étais pas vieille et couverte de rides, mais je n'étais plus non plus une enfant !!

Sachez jeune homme que j'ai seize ans et que je ne suis plus une gamine ! D'ailleurs, ajoutai-je après un instant d'hésitation, je sais me défendre !!

C'était absolument faux, je n'avais jamais frappé quelqu'un de toute ma vie et j'étais loin d'être très adroite. Mais mieux valait le faire croire à l'adversaire, m'avait un jour conseillé... Artémis. Comme quoi, il pouvait aussi prodiguer des conseils qui me semblaient pour le moment une bonne idée.

Il avoua alors qu'il était le fils de celui qui avait failli trancher la gorge de mon père devant mes yeux il y a si peu de temps encore. J'écarquillai un instant les yeux et reculai à nouveau pour m'éloigner un peu plus de cet abjecte énergumène. Et ce jeune homme me demandait de le tutoyer et de l'appeler par son prénom... Jamais je n'aurais fait une chose pareille ! Je ne tutoyais pas les inconnus !

Ne vous approchez plus de moi !

Au lieu de cela, et à mon plus grand soulagement, il alla s'installer sur le bureau, qui était plus loin. Mais ses paroles me glacèrent d'effroi. Disait-il vrai ? Etait-ce réellement la vérité ? ... Mon père allait-il être tué le soir même ? C'était horrible !! Et dire que je ne pouvais rien faire contre toute une armée...

Je ravalai mes larmes, mais la frayeur qui s'était emparée était toujours bien présente. C'était à peine si je ne tremblais pas. En réalité, le choc était tel que pour l'instant, je restais à peu près calme, ce qui me semblait être un exploi hors du commun dans un cas pareil.

Je refuse de rester ici en votre compagnie une minute de plus ! lançai-je d'un ton catégorique. Vous n'avez qu'à vous réjouir de votre prise, moi, je vais retrouver mes parents !

Il ne restait plus qu'eux dans ce palais de tous ceux que j'avais connu. Je ne voulais pas les perdre... Je ne désirais qu'une chose : les rejoindre !

Je tournai les talons et me dirigeai rapidement vers la porte, me saisissant de la poignée... qui résista et refusa d'ouvrir : elle était verrouillée. Artémis avait refermé derrière lui en partant...

Je restai un instant devant la porte, impuissante, avant de me retourner vers lui, ne bougeant pas plus.

Ouvrez-moi, lui ordonnai-je en essayant de garder une contenance plutôt bien maîtrisée.

Tu dis pouvoir te défendre? Mais voyons ici tu n'es qu'un oisillion blessé incapable de voleter jusqu'à la fenêtre pour t'échapper... Je n'aurais qu'à serrer le poing pour t'écrasée et faire jaillir le sang!

L'idée paraisait presque plaisante en cet instant. D'accord, elle était faible et inintéressante mais si l'on pimentait un peu le jeu peut-être que le résultat ne serait pas si mal. Néanmoins, je ne comptais pas attaquer franco, un peu de délicatesse et d'intelligence ne serait pas de trop avec cette princesse aux cheveux d'or. Une vraie demoiselle de conte de fée.

Cela sera difficile. Une fille seule et à ma mercie dans un chambre. Voilà qui me fournit des pensées fortes intéressantes...

Je ne tardais pas à partir dans un fou rire magistrale. J'avais vraiment envie de la taquinée et de lui faire peur. Un peu... Non, beaucoup!!!

Oublie ce qu'il y a l'extérieur et ne pense qu'au présent petite fille. Gardes toi du loup ou il te croquera.

Gardant un sourire narquois et provoquant, je me laissais tomber souplement sur le lit, les bras croisés derrière la tête avant de fermer les yeux. Pourtant un bruit me dérangea fortement. Qu'avait-elle a tenter d'ouvrir cette foutue porte?!

Embrasse-moi et j'y réfléchirais...

Ce jeune homme était réellement effrayant. Lorsqu'il prononça le mot sang, l'image de mon père agonisant s'imposa aussitôt à mon esprit. Il était couvert de sang... Je me sentais mal rien que d'y repenser, et de songer un instant que lui et ma mère étaient toujours aux mains de ce seigneur peu enclin à parlementer.

Je déglutis péniblement, voyant à peine l'allusion qu'il faisait. Que voulait-il dire par là ? Il allait vraiment me tuer ? Ou alors me torturer comme son père torturait le mien, le laissant souffrir avant de l'achever plus tard ? Il n'était vraiment pas mieux... Ils se valaient bien, tous les deux ! Tous les trois même ! Je me sentais trahie par Artémis, qui avait joué avec nous pour repasser à l'ennemi. Ce n'était qu'un simple espion...

Que voulez-vous dire ?

Oublier l'extérieur ? Il m'était impossible d'oublier le spectacle dont j'avais été la victime. Je n'avais jamais rien vu de tel, et à jamais ces images resteraient gravées dans mon esprit.
Ne penser qu'au présent ? Je le faisais... Du moins quelque peu. J'étais affreusement inquiète pour le sort de mes parents, et pour le mien par la même occasion. Allions-nous nous en sortir ?

Il quitta le bureau et alla s'installer sur le lit d'un air nonchalant mais narquois, assez provocateur aussi. Je lui lançai un regard dédaigneux en retour. C'était sans compter sa réplique...

Pardon ? dis-je de but en blanc, surprise par son chantage, et bien plus encore par sa nature même.

J'ai certainement mal entendu... continuai-je tout haut en pensant me parler à moi-même.

Je le fixai, surprise, étonnée et totalement déconcertée...

Quel être stupide, ce petit oiseau! Qu'avait-il toujours à me faire me répêter et à ré-expliquées chacunes de mes paroles?! Comme si j'avais que cela à faire. Et les priorités, elle ne connaisait pas ou quoi!

Au lieu de penser au triste sort de tes stupides parents tu devrais peut-être penser à ce qui va t'arriver. Dans un cas pareil, Petite Princesse, on pense à soi et uniquement à soi. Question de survie!

Et en plus la voilà qui se trouvait choquée par cette proposition qui n'en était pas réellement une. Si elle voulait tant revoir ses chers parents, qu'elle arrête de jouée les vierges effarouchées ce serait déjà un grand pas, que dis-je, un pas de géant ou de Petit Poucet chaussé des bottes de sept lieux.

Tu as très bien entendu petit volatile...

Mes parents ne sont pas stupides ! Ils sont bien plus intelligents que vous !! Et sans aucune doute plus raisonnables, aussi.

Qu'il ne vienne pas dire que mes chers parents étaient des idiots ! Je ne le supportais pas ! Ils avaient toujours oeuvré pour mon bien, ainsi que pour celui de toutes les personnes du palais, et le peuple que je n'avais pas le droit d'approcher. En réalité, je ne connaissais même pas la survie... Jamais je n'avais eu affaire à un "cas pareil", comme il se plaisait à nommer la situation.

Je ne suis pas comme vous, je ne pense pas qu'à moi, contrairement à votre petite personne égoïste et rustre !

Il m'affirma alors que j'avais très bien entendu. J'hésitai un instant sur la réponse à formuler, toujours aussi déboussolée.

Eh bien, vous pouvez toujours courir ! Jamais je ne serai encline à acquiescer à votre demande !

Je me saisis d'un vase posé sur une des somptueuses commodes et le lui jetai au visage.

Plutôt mourir ! criai-je pour toute réponse. C'était une phrase que j'avais souvent lue dans mes romans préférés. Les héros préféraient mourir plutôt que de se rendre...

Vous les humains êtes vraiment des bâtards puant! Si ton père était si intelligent que ça, il ne se serait pas fait avoir aussi facilement. Pourtant on ne peut pas dire que mon père soit réellement futé. Ne doute pas de mon intelligence ou tu t'en mordras les doigts.

Un vase! C'est tout ce que cette fille avait trouver à m'envoyer en plein figure. Le pire c'est qu'elle avait cru qu'un objet si grand allait pouvoir m'atteindre comme ça, parce qu'elle l'avait décider. D'une main, je l'attrapais au vol réfléchissant ensuite une dizaine de secondes avant de le renvoyer vers elle, faisant en sorte qu'il aille se briser sur la porte juste derrière elle. Et si elle était blessée, tant pis pour elle! Elle n'avait qu'à pas essayer de faire cela!

Meurs en silence alors! Imbécile d'humaine, tu me donnes mal à la tête!!

Je fermais à nouveau les yeux en me massant rapidement les tempes, tentant de faire abstraction de sa présence. Voilà pourquoi je n'aimais pas les femmes au caractère un peu plus affirmé. Toujours à dire non et à piaillier pour ne rien dire.

Je ne m'attendais pas à ce qu'il me renvoit ce vase alors que je venais de le jeter sur lui ! Il ne me toucha heureusement pas et alla se fracasser sur la porte derrière moi, éclatant en mille morceaux. Lorsqu'il toucha la porte, je hurlai de manière très aigüe en protégeant ma tête. Je reculai par réflexe et trébuchai pour me retrouver au sol, sans réellement savoir ce qu'il venait réellement de se produire. Je fixai les débris, me disant que je l'avais échappé bel là !

Je restai prostrée un très long moment, gardant le silence, mon regard posé sur les morceaux de procelaine. Je finis cependant par me relever, époustant ma robe. Je me dirigeai vers la fenêtre d'un pas décidé.

Vous n'êtes qu'un gougeat ! Je m'en vais, que vous le vouliez ou non !

J'ouvris la fenêtre sans aucun problème puisqu'elle n'était pas verrouillée. Bon, nous étions au premier étage, mais il y aurait toujours un moyen de descendre... En espérant que je ne me casse rien à l'arrivée.

Je me penchai pour inspecter la paroie. Il y avait bien une plante grimpante, mais serait-elle assez solide ?
Je jetai un oeil au gros tas dans le lit avant de regarder à nouveau en bas. Je n'avais jamais vraiment apprécié la hauteur, mais l'idée de sortir par la fenêtre était encore pire que le simple fait de regarder par-dehors ! Cependant, je n'avais guère d'autre choix...

Encore un cri! Nom de Dieu j'allais finir par lui couper les cordes vocales pour avoir la paix! Le jour où les femmes avaient été pourvues d'une voix, celui qui avait fait en sorte que cela arrive aurait dû se casser une jambe. C'était une vrai malédiction!

Excellente idée!

Gromelant un peu, je finis par ouvrir mes paupières jusqu'à maintenant closent pour voir comment elle comptait s'y prendre. J'aurais penser qu'elle défoncerait la porte, mais non cette idiote voulait passer par la fenêtre. Sans ailes, elle n'allait pas aller loin et il était certain qu'elle se ferait bien mal si elle se plantait de cette hauteur.

Stupide gamine arrête ça tout de suite!

Furieux, je bondis du lit pour la rejoindre à la fenêtre. C'est que cette garce comptait vraiment le faire! J'allais vraiment la faire passer par-dessus bord si elle continuait ses conneries! Et même maintenant...

Puis-ce que tu veux absolument descendre, je vais t'aider moi!

La poussant brutalement, je m'arrangeais pour qu'elle tombe avant de la saisir par le poignet. Elle se trouvait maintenant dans le vide et elle avait intérêt à se tenir à carreaux durant les prochaines secondes si elle ne voulait pas que je la lâche vraiment.

Alors que je m'apprêtais à faire le premier pas, il réagit à nouveau en me traitant de stupide gamine et me rejoignis en même temps. Alors que je pensais qu'il allait m'empêcher de le faire - n'importe qui de sensé l'aurait fait, surtout après avoir osé m'ordonner d'arrêter -, il décida de "m'aider" et me poussa. Je crus que j'allais vraiment m'écraser au sol, parce que je basculai brutalement de l'autre côté, dans le vide...

Et il me rattrapa de justesse par le poignet. Je fis une grimace de douleur et me saisis du sien de ma main libre, pour mieux me retenir. Je pendais vraiment dans le vide, et c'était terrifiant ! S'il me lâchait, la chute devenait inévitable.

Vous êtes complètement fou ! Aussi fou que votre père !! criai-je en m'accrochant à lui.

Je jetai un oeil en bas et ne pus retenir un nouveau cri de stupeur et d'angoisse.

Remontez-moi !! Je vais tomber !!!

Je m'accrochais tellement à lui que j'en enfonçai mes ongles dans sa peau pour tenter de ne pas glisser et de résister à ma peur du vide.

S'il vous plait... finis-je par le hâter d'un air de suplice.

La folie est tellement douce. Impossible d'y résister...

Même dans de telles conditions, elle trouvait encore le moyen de parler et de critiquer. On aurait vraiment dit qu'elle n'attendait qu'une chose: que je la laisse tombée. Et c'est bien sûr avant le plus grand des plaisirs que j'allais le faire puis-ce que la demoiselle ne semblait pas prête à ravaler sa fierté pour avoir la vie sauve.

Remballe tes griffes petit chat!

C'est que mine de rien, elle commencait à me faire mal avec ses fichus ongles qui me lacéraient la peau, y traçant des sillons rougoyants. Froidement, je déserrais les doigts pour la lâchée mais la demoiselle avait quant même un minimum d'instinct de survie. A l'instant même où je décidais de la lâché, elle oublia son amour propre pour faire un peu de place à son instinct de survie. Elle m'avait supplié et voilà qu'elle allait s'écrasée sur le sol!

Et merde...!

Quel embrouille! Sautant rapidement par-dessus le rebord, je me laissais tomber moi aussi et étant plus lourd qu'elle, je me retrouvais rapidement à sa hauteur. Je la serrais rapidement contre moi avant de tenter de déployées mes ailes mais vu le peu de distance qui restait c'était prendre un trop grand risque. Aussi décidais-je de me planter tout simplement. Je tombais à plat sur le dos, protégeant ainsi sa Majesté. Humpf même pas mal! Ou presque...

Il me demandait de remballer mes griffes, mais j'avais bien trop peur de tomber pour le lâcher. Malheureusement pour moi, lui n'était pas dans le même état d'esprit. Il n'hésita pas une seconde à déserrer l'emprise de ses doigts sur mon poignet et je ne pus plus me retenir à lui, si bien que je commençai à chuter.

Je me voyais déjà morte dans d'atroces douleurs lorsqu'il sauta à ma suite pour me rattraper. Il me happa au passage et me serra contre lui. Un choc suivit ce millième de seconde durant lequel je pus presque voir ma si courte vie défiler devant mes yeux.

Ensuite, je n'osai bouger pendant plusieurs minutes, reprenant mon souffle qui était saccadé suite à la frayeur qu'il venait de me faire. Sans m'en rendre compte, dans un réflexe, je m'étais accrochée à lui de toutes mes forces, et je ne le lâchai que plus tard, réalisant mon comportement. Je me redressai bien vite, étrangement gênée.

Vous n'avez pas mal ? fut la première chose qui sortit de ma bouche.

Je me maudis ensuite d'avoir posé la question ! Après tout, il venait d'essayer de me tuer ! Et les siens avaient mis à feux et à sang le palais...

Grimacant durant quelques instants, je retrouvais rapidement un visage impassible alors que la Princesse se redressait. Elle avait enfin cesser d'agripper ma chemise et je fus un peu plus libre de mes mouvements. Pour ma plus grande surprise, sa première réaction fut de me demander si j'allais bien. Alors ça je ne m'en serais absolument pas douter.

Ca va, c'est tout à fait supportable. C'est gentil de t'en inquièter... J'eus un léger sourire avant de continuer. Je n'aurais jamais cru qu'une chose pareille pourrait arrivée.

Profitant qu'elle s'était déplacer, je me relevais à mon tour pour m'asseoir en frottant le dos de ma tête légèrement douloureuse. En plus, je devais avoir des morceaux d'herbes un peu partout, moi qui venait tout juste de me changer voilà que je me trouvais à nouveau pas vraiment présentable.

Et toi? Il n'y a pas de casse j'espère?

Le pire dans cette histoire c'est qu'il me répondit tout naturellement, comme si de rien n'était. Mais bon, il fallait avouer que c'était moi la coupable ! Si je n'avais pas posé la question, il n'aurait jamais répondu...

Il s'assit dans l'herbe dont il était couvert, ce qui lui enlevait un peu de son côté être froid et insensible pour lui donner un petit air sauvage. Cependant, il restait toujours aussi effrayant... Quoiqu'un peu moins tout de même.

Non, je ne crois pas...

Juste une petite douleur au poignet dû à la manière dont il m'avait rattrapée après m'avoir poussée, mais ce n'était pas conséquent.
Je jetai un oeil en direction de la fenêtre de la chambre qui me semblait plus haute tout à coup. J'étais bien contente d'être en bas et en un seul morceau !

Eh bien, vous m'avez évité de me casser quelque chose. Sur ce, je ne vais pas vous ennuyer plus longtemps et je vais retrouver mes parents !

Je lui lançai un dernier regard avant de tourner les talons et de m'avancer en direction du palais. Je pris bien garde de ne pas laisser mon regard vagabonder autour de moi, pour ne pas avoir à découvrir l'herbe rougie par endroit...

Soit cette gamine se foutait franchement de ma gueule, soit elle était carrément naïve. Et bien plus que je n'aurais pu l'imaginer. Elle croyait vraiment que j'allais bien gentillement la laissée partir? Tant qu'on y était je pouvais aussi lui faire un petit signe de la main pour lui dire au revoir! Me penchant quelques instants en arrière pour prendre un peu d'élan, je me retrouvais rapidement sur mes pieds ce qui me permis de la suivre. Je n'avais pas le courage de la ramenée dans la chambre alors j'allais simplement lui coller aux basques en espérant lui faire changer d'avis.

C'est pas une bonne idée ce que tu fais là...

Fourrant mes mains dans les poches de mon pantalon, je me mis à marcher à sa hauteur, laissant divaguer par moment mon regard sur elle. Elle était amusante avec son petit air déterminé à faire ce qu'elle voulait faire. Et peut-être un peu mignonne aussi, mais ça c'était un secret...

Si mon père voulait que tu ne traînes pas dans ses pattes c'est qu'il y avait sûrement une raison. Et puis tes parents doivent déjà avoir changer de pièce. Du moins, je ne fais que supposer...

Pour mon plus grand déplaisir, il ne tarda pas à me rejoindre et se mit à avancer à côté de moi. Il n'arrêtait pas de tenter de me dissuader de retourner de là où je venais, en m'affirmant que ce n'était pas une bonne idée ! Combien de temps allait-il me coller ? N'était-ce pas lui qui voulait absolument que je m'en aille il y a quelques minutes ??

Laissez-moi tranquille. Je les retrouverai seule, dussè-je parcourir tous les couloirs et ouvrir toutes les portes du palais pour y parvenir !

Après quelques secondes, je levai les yeux vers lui, agacée, et croisai son regard qui lorgnait sur moi.

Qu'avez-vous donc à me regarder comme cela ? N'avez-vous jamais vu de jeune fille de votre vie ?? J'en ai assez que vous me considériez comme un objet ou autre chose s'en rapprochant ! Cela vous plairait-il que je vous traite comme... comme le vase que vous avez cassé ??

Je laissai un instant de silence avant d'accélérer l'allure, arrivant aux portes d'entrée qui étaient grandes ouvertes.

Pivotant sur un pied, je me tournais pour marcher à reculons juste devant elle. En fait, on s'amusait bien aujourd'hui avec le chat au caractère bien trempé! Toujours souriant comme un gamin, je décidais de lui proposer mon aide pour retrouver ses parents. Après tout, moi je n'avais rien à craindre, ce n'est pas parce qu'elle allait mettre la main sur ses parents que les choses iraient mieux. Son père se ferait quant même tuer durant la nuit...

Je vais t'aider à les chercher. Tu me feras visiter ta maison comme ça...

Me penchant quelques instants, je déposais mes lèvres sur sa joue pour la faire un peu réagir avant de me retourner pour oberver le couloir dans lequel nous venions de pénétrer.

C'est grand chez toi! Et luxueux surtout... Mais ça reste chaleureux. C'est ça qui est agréable.

Il m'exaspérait assez à se mettre devant moi et à marcher à l'envers. Si j'avais seulement osé faire cela quelques secondes, je me serais très certainement retrouvée à l'infirmerie en un rien de temps ! Et lui, il le faisait comme si c'était normal !

Il me surprit et je m'arrêtai lorsqu'il me proposa de m'aider à les chercher. En contre-partie, je devais lui faire visiter le palais... Avait-il quelque chose derrière la tête ?

Je me débrouillerai très bien toute seule...

Il embrassa soudainement ma joue et je fis un peu en arrière, rougissant de surprise et d'indignation.

Ne refaites jamais ça ! lançai-je, décontenancée.

Il était vraiment rustre ! Il n'avait rien à envier à son père !! Même s'il me semblait peut-être un peu plus "gentil", si on pouvait dire ça comme ça.

Ne touchez à rien, tout ceci est la propriété de mes parents !

Je laissai mon regard circuler sur les tableaux et les tapisseries avant de baisser les yeux.

C'est vrai que c'est assez agréable... Mais ne jamais sortir d'ici devient quelque peu lassant... murmurai-je, légèrement attristée.

Cependant, je me repris et me dirigeai vers la droite, prenant le plus long couloir. Je voulais d'abord revenir là où j'avais vu mes parents pour la dernière fois.

Découvrant avec avidité ce palais des merveilles, je ne fis pas réellement attention au fait qu'elle nous menait à l'endroit où nous n'avions pas le droit d'aller. Si je lui avais dit que ses parents ne se trouvaient certainement pas là où elle les avait quitter c'est tout simplement parce que je me doutais bien qu'ils y étaient toujours. Il aurait été très mauvais pour elle qu'elle se retrouve face à mon père alors qu'il avait ordonner qu'on la conduise autre part.

Roh aller c'était juste un petit bisou, Princesse. Il ne faut pas en faire tout un plat...

Alors comme ça elle ne pouvait pas sortir du palais? C'était pas le genre de vie facile. D'accord, je n'étais pas totalement libre mais au moins j'avais le droit d'aller me dégourdir les pattes bien tranquillement quant je le désirais et plus ou moins où je voulais.

Je vois ce que tu veux dire...

Ce n'est que lorsque je découvris mon père dans la pièce où nous venions d'entrer, assit sur le trône des Lockart, que je retrouvais tout mon sérieux. Aie, je n'avais pas prévu cela! Cette idiote avait eu ce qu'elle voulait maintenant elle était de nouveau en compagnie de ses parents! Et le pire c'était que sur moi que les problèmes allaient encore retomber.

Valdios! Que fait cette fille ici?! Je croyais avoir été clair sur le fait que je ne voulais plus la voir dans les parages avant cette nuit! Et puis, elle me semble bien tranquille pour une stupide humaine qui a subit les pires sévices!

» Darker White Regius