Trahison ou la Tromperie de l'Amant [PV Sery]

La peur imprimant chacun de mes pas, je progressais rapidement le long de l'allée menant au palais. Alors que je venais de vivre trois jours d'une intensité épuisante, c'est ce fameux retour qui m'effrayait le plus. Peur d'être arrêté. Peur du "Sir est-ce que vous allez bien?". Bien sûr que non je n'allais pas bien! Toute ma gestuelle et le moindre de mes regards apeurés prouvaient le fait que je n'étais pas en bonne santé. Mais il ne fallait pas trop en demander à ces gros balourds, ils n'étaient là que pour faire le piquet et c'était bien la seule chose pour laquelle ils étaient doués!

Escaladant les dernières marches avec difficulté, je me faufilais entre les dames de chambre qui s'affairaient pour tout remettre en ordre avant midi et dès que la porte de la pièce qui m'avait été réservée s'offrit à moi, je m'y engouffrais. Pour mon plus grand malheurs, une des domestiques y était, faisant le lit comme si quelqu'un y avait dormi lors de ces dernières nuits. Imbécile! Cela me semblait suffisement clair, rien n'avait bougé depuis trois maudits jours!

Dehors! hurlais-je sans prendre la peine de lui adresser un regard.

Surprise puis prise d'une certaine frayeur, elle se hâta vers la porte et disparu de ma vue aussi vite qu'elle m'était apparue. Enfin seul, je laissais tomber mon manteau, bien trop chaud pour cette étouffante journée d'été, et me dirigeais immédiatement vers la salle de bain pendant que je me déshabillais. Je n'aspirais qu'à une seule chose: faire disparaître cette crasse qui me recouvrait. Ce sang et cette sueur sèche me dégoûtait plus que tout au monde.

Grimacant de douleur lorsque l'eau chaude s'insinua dans les plaies béantes qui couvraient mon torse, je levais la tête vers le jet et ouvrais grand la bouche pour me débarrasser de cette impression pâteuse et immonde. La nausée me menaçait à tout moment, tiraillant mon estomac désespérément vide. Depuis quant n'avais-je rien avalé?

Après avoir enroulé un linge autour de ma taille, ne prenant même pas le temps de me sécher c'était accessoire aujourd'hui, je sortis de la salle d'eau et me traînais difficilement jusqu'au miroir. J'avais mal partout. Et je devais avouer que je ressentais cette envie morbide de connaître l'étendue des dégâts. Juste pour voir jusqu'à quel point cela avait été pire que les autres fois.

Lorsque mes deux pupilles améthystes, profondément ancrées dans des cernes noires, détaillèrent mon corps grâce à la surface polie le premier mot qui me vint fut: pitoyable. En cet instant, je me sentais pire qu'une loque, incapable de réagir. Tout ce que je pouvais faire c'était continuer à observer mon reflet, semblable à un pantin désarticulé, sans oser frôler ma peau blafarde de mes doigts de peur que les blessures à la gueule grande ouverte ne me hapent. Dieu que je détestais me sentir si misérable!

Quant quelques coups frappés à la porte vinrent briser le silence, je me retrouvais comme un gosse ayant fait une connerie et redoutant la sentence paternelle. Dans mon cas, la sentence était toute autre puis-ce qu'elle viendrait de la belle Serenity qui sortirait certainement de cette pièce folle de rage ou contrôlant avec difficulté les larmes qui abondaient dans ses yeux. Ou peut-être les deux en réalité...

Me dépêchant comme je le pouvais, j'enfilais des vêtements propres en espérant qu'elle ne se rende compte de rien. Mais vu l'état dans lequel je me trouvais, elle ne mettrait pas longtemps à deviner. Et ce n'est pas cette vulgaire chemise qui allait masquer l'hématome que je portais au niveau de l'épaule et qui remontait jusqu'au-dessus de ma poitrine, et encore moins la coupure que m'avait faite l'un des décérébrés qui m'avaient attaqués lors du premier échange de coup de poing. Me mordant la langue pour faire disparaître cette envie profonde qui me creusait le ventre et qui faisait trembler mes mains, j'allais ouvrir la porte, restant à demi-caché derrière celle-ci. Être naturel était la meilleure des alternatives alors je devais m'efforcer de le rester.

Je vois que les nouvelles vont vite ici... Tu n'es pas en réunion à cette heure-ci? Pas besoin de t'inquiéter pour moi, tout va bien. J'étais juste parti régler deux ou trois choses. Rien de bien méchant, ni de bien important.

Je voulus refermer la porte pour qu'elle s'en aille mais c'était sans compter son pied qui se glissa entre celle-ci et l'encadrement de bois pour stopper mon geste. Cette petite explication ne semblait pas lui suffire, elle voulait plus et sûrement en détails...

Avec beaucoup d'insistance - un peu trop à mon goût -, sa royale petite personne s'introduit dans ma chambre. Pestant intérieurement, je n'eu d'autre choix que de refermer la porte. D'accord, je voulais la voir dehors mais je ne tenais pas non plus à étaler notre linge sale sur la place publique. Car c'était bien connu, quant une domestique était au courant de quelque chose après une dizaine de minute c'était tout le village qui apprenait la vérité.

Affichant un sourire - ça c'était juste pour la forme et qu'elle me fiche la paix -, je me positionnais en retrait pour l'observer pendant qu'elle me racontait la vie qu'elle avait menée durant ses trois derniers jours. Il est vrai que si je me mettais à sa place, cela n'avait pas du être facile. J'aurais été plus tranquille dans le cas où je lui avais dit que je quittais le château mais d'un autre côté, elle aurait chercher à savoir où je me rendais et sûrement ce que j'allais chercher. Et tout lui dire n'aurait vraiment pas été une bonne idée.

Un goujat? Mais voyons Serenity, tu devrais savoir que je n'ai jamais été le prince charmant de tes rêves. Nous ne sommes pas dans un conte de fée... soufflais-je avec une certaine agressivité.

C'était donc la première barrière de protection qui venait de se déployer pour protéger mon esprit déjà embrumé. Maintenant que les effets de la drogue commencait à s'estomper, je me retrouvais une nouvelle fois dans une situation de faiblesse. Et en plus, j'avais un effroyable mal de tête. Néanmoins ce n'était pas parce que je me sentais mal qu'il fallait que je la dégage méchament.

Pardon...

Pourquoi je m'excusais? Oh entre autre à cause de ma pique durement lancée mais pour beaucoup d'autres choses encore. Mais ce n'était pas vraiment le sujet de la discussion du moment, si discussion il y avait.

Je ne pensais partir aussi longtemps. A la base, je ne devais quitter le palais que pour quelques heures mais disons que j'eus un léger contre-temps.

Et puis bien sûr, car Serenity n'était malheureusement pas idiote, elle finit par découvrir que je me trouvais dans un bien triste état. Je baissais les yeux, étrangement gênée et cherchais durant quelques instants ce que j'allais bien pouvoir lui dire. La vérité? Oui c'était une bonne idée mais en omettant de lui donner certains détails, plus croustillants que d'autres.

Je me suis battu avec une bande de type en ville pour aider une fille. Tout allait bien jusqu'à ce que leur chef me frappe en plein visage. J'ai été sonné et ils en ont profiter pour me passer à tabac. Mais c'est pas grave. Ca a l'air impressionnant mais cela ne va pas me tuer, ça pique juste un peu...

Serrant le col de ma chemise entre mes doigts, je le remontais légèrement pour me cacher ce qui fit encore plus suspect. Par moment, j'avais vraiment idée stupide quant même...

Son prince charmant? Je me trouvais soudainement muet, incapable d'entamer la moindre phrase et craignant de me planter lamentablement en bégayant. Mon côté romantique maudit avait toujours cru en l'existence de ce fameux prince dans son armure étincellante mais il était certain qu'il n'y s'agissait pas de moi. Malgré tout ce que je pouvais dire, je savais qu'au fond je n'étais pas la personne qu'il lui fallait. Au fond, c'était elle ma princesse charmante. Cette adorable ange qui viendrait me sortir de ce cercle vicieux dans lequel je me perdais depuis déjà des années.

C'est donc par pure sécurité que je décidais de ne pas lui fournir de réponse...

Je suis désolé mais je n'ai pas eu l'occassion de t'envoyer un message!

Serrant encore plus le tissu entre mes doigts, je reculais lorsqu'elle décida de marcher dans ma direction. Mais la présence du mur derrière moi ne m'aidait aucunemen. Je me retrouvais très vite adossé à celui-ci et donc incapable de lui échapper sans faire usage de la violence. Chose que je me refusais de faire même si cela était dans mon intérêt.

Rien du tout! Elle est juste vraiment moche. Je ne veux pas que tu sois dégoûtée. Et puis, tu vas t'imaginer des choses si tu les vois. Tu vas te demander comme c'est arriver et la manière dont ils s'y sont prit. Tu manques déjà de sommeil je ne veux pas en plus t'imposer des cauchemars.

Le regard qu'elle me jeta me surpris bien plus que la brusquerie avait laquelle elle dénuda mon buste. Alors que je tentais justement de ne pas la blessée en lui mentant, ou non plutôt en lui cachant la vérité, j'étais en train de lui imposer un supplice difficilement supportable. Au fond, sa demande était légitime, même si j'avais beaucoup de mal à me l'avouer.

Portant ma main à mes cheveux, je les agrippais en colère contre moi-même. Idiot, imbécile! Mais qu'est-ce que j'avais eu besoin de faire une chose pareille. Je ne mis pas bien longtemps ensuite à me laisser glisser jusqu'au sol, d'une manière pitoyable. J'aurais été capable de ramper, de ravaler ma fierté au plus haut point, juste pour qu'elle me pardonne.

Serenity... J'ai fait quelque chose... Je... Je suis vraiment désolé!

En voilà des aveux clairs et parfaitement compréhensibles! Mais ma faute me restait coincée dans la gorge et j'étais incapable de l'expulsée. Pourtant qu'est-ce que cela aurait fait du bien de pouvoir la partagée! Malheureusement la suite qui serait bien plus douloureuse suffisait à me pétrifier complétement.

Je suis une ordure de la pire espèce! Je suis à des kilomètres en dessous du prince charmant et encore! Je mériterais de me faire découper en morceau et d'être éparpillé au quatre coins de la planète!

Prenant mon courage à deux mains, je les serrais d'ailleurs au point de laisser une trace blanche dans ma peau, je lui avouais tout comme cela venait, ne prenant pas la peine d'enrober les éléments les plus durs de l'histoire.

Pendant ces trois jours j'étais dans une auberge d'Eternia. La fille que j'ai aider m'a ramener pour me soigner et... Je sais pas comment cela est arriver Serenity! Je t'en supplie pardonne moi! Cela n'avait aucune importance, je te jure que cette fille ne comptait pas!

Elle était furieuse! Et même si je pouvais en comprendre les raisons, une autre partie de moi s'y refusait. Tout cela à cause de notre situation. Après tout, rien ne me liais à elle et jamais je ne lui avais promis fidélité. Je m'étais fait à cette idée pour elle mais au fond ce que j'avais fait n'était pas vraiment mal. Avais-je tort?!

Et c'est toi qui ose me dire ça... soufflais-je brutalement en me relevant.

Je voulais bien accepter beaucoup de chose de sa part mais sûrement pas cette manière qu'elle avait de me juger. C'était un changement brutal de comportement mais je n'étais désormais plus d'humeur à me laisser gentillement écraser par sa majesté! Tout en la toisant froidement, je décidais de lui fournir des réponses à toutes ses questions. Puis-ce qu'elle voulait absolument savoir et bien elle saurait tout!

Ne reporte pas tout à l'amour! Ce n'est pas parce que j'ai fait un pas en dehors de la route que je compte la quitter pour toujours. Certes, j'ai commis une erreur mais ce n'est sûrement pas une trahison! Je ne sais pas trop comment cela c'est produit. Si tu veux tout les détails, je t'ai tromper avec une vulgaire catin. Le genre qui chauffe les gentils habitants de ton pays à la tombée de la nuit. Sauf que pour elle, ce jour là ça se passait mal. Quant les types sont partit, elle m'a ramasser et m'a emmener dans une auberge. Après ça c'est passer comme ça sans que je ne m'en rende réellement compte. Je ne sais pas qui elle était et il n'y aura plus jamais rien! Ca c'est une chose certaine!

Après lui avoir fournit une explication, je l'attrapais brusquement pour la serrée dans mes bras.

Tu es toujours la seule et unique personne qui compte pour moi. Les autres peuvent tous crever, je n'en ai que faire! Serenity, je t'aime et cela ne changera jamais...

Je ressentis une immense déchirure dans la poitrine lorsqu'elle me repoussa. Je souffrais de la sentir si près et pourtant de ne pouvoir approcher ni son corps, ni son coeur, qui devait vouloir m'expulser par ses battements beaucoup plus rapide. Je n'avais au fond même plus la force de nier l'évidence. Quoi que je puisse dire se retournerait de toute façon contre moi. Alors à quoi bon insister en lui fournissant encore et encore des occassions d'enfoncer le clou. Autant de son côté que du mien...

Pourtant, je me sentis bien incapable de résister lorsqu'elle parla de mes sentiments à son égard. Tout, elle pouvait tout prétendre. Mais sûrement pas que je ne l'aimais pas.

Je t'en supplie ne dénigre pas l'amour que je peux éprouver pour toi... Tu peux désirer me voir disparaître. Désirer que plus jamais je ne puisse t'approcher. Mais jamais mes sentiments ne cesseront de brûler pour toi.

Je n'avais désormais plus d'illusion pour notre amour. C'était terminer, jamais elle ne pourrait me pardonner et le "nous" allait disparaître petit à petit pour ne plus jamais exister...

Evitant aisément le projectile qu'elle venait de m'envoyer, celui-ci alla se briser contre le mur à quelques centimètres de moi. C'est donc comme cela que notre histoire allait se terminer? Par un geste violent et une chambre ruinée alors qu'elle tentait de faire disparaître ses larmes.

Je renonçais à tout ce qui pouvait compter pour moi, ne prenant même pas la peine de récupérer mes affaires et me glissais vers la porte en emportant seulement ma cape. Tout en esquivant sa nouvelle poussée de rage, je lui jetais un dernier regarrd avant de me précipiter vers l'issue.

Je...

Mais rien ne vint finalement. Je n'avais pas grand chose à lui dire. Adieu était un mot bien trop difficile à prononcer et un au revoir n'aurait eu aucun sens en cet instant. Je fermais donc vivement la porte qui accueillit un nouveau bibelot qui explosa dans un fracas assourdisant.

Je courais dans les couloirs pour rejoindre au plus vite les écuries. Je ne voulais plus rester ici, je voulais atteindre un endroit neutre. Pourtant, je n'avais désormais aucun endroit où aller. Ou plutôt il n'y avait nul part où je désirais me rendre.