Démon, apprend à cacher tes crocs! [PV]

Se profilant dans l'obscurité naissante, la silhouette androgyne se détacha du mur où il était appuyé lorsqu'une ombre passa devant lui. Silencieux comme la nuit, il la suivit. Gardant un visage neutre jusque là, ses traits furent déformés par un rictus affreux lorsque la lumière de la lune éclaira la frêle adolescente qui ne l'avait pas encore remarqué. Avec la patience d'un ange, il attendit qu'elle traverse le grand hall pour se faire remarquer. Ici il serait tranquille et il ne devrait pas être rapide s'il voulait s'amuser avec elle.

Où vas-tu si vite, petit carré d'agneau? souffla-t'il après un rire gras.

****

Alors que le jour se levait à peine, un cri retentit dans le palais, provoquant un réveil en sursaut à tous ses habitants qui dormaient encore. Affolée, la bonne qui avait découverte la dépouille encore frémissante de la domestique, courait en tout sens, espérant ainsi voir arriver d'autres personnes qui pourraient elles aussi constater l'horrifiant tableau.

Empalée sur l'une des barres de l'escalier qui avait été brisée, l'adolescente demeurait encore courbée, son corps ensanglanté. Les deux bras déboîtées, les dents arrachées et reposant sur l'un des linges qu'elle transportait, les cuisses en partie dévorée, sans parler des deux orbites désespérément vide. Devant un tel carnage, il n'était pas difficile d'entendre les estomacs se retournées...

Lorsque je me réveillai, Amy pleurait. Mais pas de la même manière que d’habitude. J’essayai de la calmer, encore à moitié endormie, mais elle n’en démordait pas. Je ne savais pas ce qu’elle avait aujourd’hui ! Que s’était-il passé ?

Je me préparai après l’avoir recouchée, vaincue. On frappa à ma porte et j’autorisai l’entrée. On m’annonça la nouvelle : l’une de mes demoiselles, Mélisande, avait été retrouvée morte dans un état indescriptible, empalée sur l’escalier détruit. Je mis un moment pour croire à ce que me révélait le garde devant moi, accompagné de trois de ses collègues.

Vous… vous êtes sûr ? Que s’est-il passé ?

-Nous n’en savons rien. Nous recherchons des indices sur un coupable potentiel…

Bien, laissez-moi.

-Votre Majesté.

Ils me saluèrent et s’en allèrent. Je refermai la porte et allai prendre Amy dans mes bras. Elle devait avoir entendu crier…

Cette nouvelle ne me rassurait absolument pas ! Et si ma fille était en danger ?? Je ne supporterais pas qu’il lui arrive quelque chose… Mais que faire ?

Valdios…

Oui, c’était le seul à pouvoir m’aider, du moins le pensai-je !

Je quittai ma chambre et allai me poster devant la porte de celle de mon amant, ma fille dans mes bras. Je frappai doucement, puis avec plus d’insistance, loin d’être rassurée seule dans le couloir.

La nuit avait été difficile, pénible même, à cause de la douleur provoquée par la blessure que m'avait infligée Serenity. C'était assez normal me diriez-vous, après tout il n'y avait que deux petits jours que c'était arrivé. C'est donc dans un état quasi comateux que je me trouvais allongé dans mon lit, enroulé dans la couverture comme une chenille et la tête pendant dans le vide.

Lorsque l'on toquait à la porte, je me demandais un peu ce qui se passait. Il était bien trop tôt pour que quelqu'un me rende visite, à supposé que quelqu'un me rende visite justement. Je supposais donc qu'il devait s'agir de Serenity. Je m'extirpais donc de mes draps et me levais, allant d'un pas chancelant jusqu'à la porte. M'appuyant contre le mur, je ne tardais pas à ouvrir, découvrant donc la Reine et sa royale fille. Tout les deux n'avaient pas l'air dans leur état normal, l'une avec le visage déformé par les pleurs et l'autre quelques peu effrayée.

Qu'est-ce qu'il y a???

J'avais préféré aller droit au but, oubliant les politesses, voyant bien qu'il y avait quelque chose qui clochait. Je les détaillais avec insistance tentant de déceler une information ou l'autre dans leurs attitudes respectives.

Valdios m’ouvrit la porte et je remarquai que je l’avais réveillé. J’en fus quelque peu confuse, même si c’était un cas de force majeure !

« Excuse-moi, je ne voulais pas te sortir du sommeil… »

Il en vint directement au but, ce qui me rassura. Je n’étais pas réellement en état pour toutes ces futilités matinales.

« Est-ce que je peux entrer ? »

Je ne voulais pas en parler dans le couloir. Je ne voulais pas y rester tout court ! Je me sentirais bien plus en sécurité avec lui, même s’il était blessé !

Ne désirant pas rester plus longtemps dehors, je pris les devants et pénétrai de mon propre chef dans sa chambre, me tournant ensuite vers lui en serrant toujours Amy dans mes bras. J’avais une boule dans la gorge et un nœud dans le ventre, causés tant par la peur que par la tristesse d’avoir perdu l’une de mes demoiselles.

« Est-ce que tu pourrais fermer la porte, s’il te plait ? Et verrouille-la, je me sentirais plus à l’aise… »

"Ce n'est rien. De toute façon, je ne faisais que somnoler..."

Elle était drôlement speedée ce matin! Alors que j'allais la faire entrée, elle me demanda si elle en avait l'autorisation, avant de pénétrer dans la chambre sans que je n'ai eu le temps d'en placer une. Bon ben d'accord, c'était une bonne de fait en quelques sortes.

Je ne dus pas attendre longtemps avant qu'elle ne se décide à me faire face, visiblement bouleversée. Mais qu'est-ce qui se passait dans ce palais? Le pire c'est que je n'étais vraiment au courant de rien. J'avais juste entendu quelques personnes passées précipitement dans le couloir mais à part cela.

"D'accord, si cela peut te rassurée."

Je ne voyais absolument pas pourquoi mais j'obéissais, tournant la grosse clé dans la porte avant de me concentrer sur elle. J'allais mourir de curiosité si elle ne me disait rien tellement les questions se bousculaient dans mon esprit.

"Bon c'est quoi le problème? Tu n'as vraiment par l'air bien et carrément stressée."

Je retournais à mon lit pour m'asseoir, me sentant encore faible, et levais les yeux vers elle. Oui décidément, un détail clochait...

J’attendis avec impatience qu’il verrouille cette fameuse porte avant d’oser pousser un soupire qui n’avait rien d’un soulagement. Je baissai un instant les yeux vers Amy avant de poser sa tête contre ma poitrine, d’un geste protecteur.

« Ca non, je n’ai pas l’air bien et je ne suis pas bien ! »

Je me mis à faire les cents pas dans la pièce, au bord de la crise de nerf. Je ne savais même pas comment je pouvais lui raconter ça. Je ne savais pas si j’en étais capable… Je pris une grande inspiration et ne le regardai pas, fixant le sol devant moi alors que j’avançais dans sa chambre.

« Mélisande… Elle a été retrouvée morte ce matin… Je n’ai pas eu le courage d’aller voir le spectacle, mais on m’a raconté bien plus que je n’aurais voulu en savoir… Excuse-moi, je ne saurais pas te le redire, rien que d’y penser, ça m’achève ! »

Je me mordis fortement la lèvre inférieur pour me retenir de pleurer.

« Personne ne sait ce qu’il s’est passé. » repris-je lorsque j’en eus le courage.

« Tout ce que l’on sait, c’est que c’était tout bonnement horrible… »

La journée commençait décidément bien fort. Je l'écoutais patiement, la regardant faire les cent pas et m'empêchant de répliquer pour ne pas la coupée dans on élan. Waouh c'était une sacrée nouvelle! Un meurtre à Eternia? Voilà une chose qui n'était pas courante! Surtout lorsque cela se passait en plein coeur du palais.

En y réfléchissant bien, je parviens à mettre un visage sur le nom de la domestique qui avait été assassinée. Je l'avais croisée plusieurs fois dans les couloirs par le passé et je la savais très proche de Serenity, du moins le matin lorsqu'elle l'aidait à se préparée. Normal qu'elle soit aussi troublée par cette nouvelle. Non, de toute façon qui que ce soit elle aurait sûrement été dans cet état.

Je me levais doucement et la rejoignais au centre de la pièce, là où elle avait arrêté ses rogations, de poser ma main sur sa joue.

Je suis désolé...

Je n'avais pas franchement quoi dire d'autre pour la réconfortée! Il fallait dire aussi que face à la mort, il était vraiment difficile de trouver les bons mots sans mettre les pieds dans le plat à la première occasion venue.

Tu as raison! Quelle horreur, comment une chose pareille à pu se produire dans le palais?! je me posais plutôt la question à moi même mais bon elle était sortie tout haut. Et puis comment quelqu'un capable de commettre de telles atrocités auraient pu pénétrer ici avec tout le système de sécurité que vous possédez! Une chose est sûre, maintenant je ne vous quittes plus d'une semelle, on ne sait jamais qu'il rôde encore dans les parages!

Le contact de sa main sur ma joue me rassura quelque peu, mais elle ne chassa pas les sentiments et les émotions qui me hantaient en ce moment.
Je négativai de la tête, signe de mon ignorance. Je n’en savais rien ! Personne ne savait rien sur cette histoire, mis à part qu’elle était parfaitement atroce.

Je ne sais pas… Je ne sais pas ce qu’il s’est passé… J’ai demandé aux gardes de doubler leurs effectifs dans le palais, mais je ne sais pas si cela servira à grand-chose…

Le fait qu’il me promette de ne plus nous quitter d’une semelle, Amy et moi, me soulagea un peu. Avec lui, j’avais déjà moins peur, même si j’étais toujours fort effrayée. J’en tremblais même. Le contrecoup, sans doute ! Les symptômes arrivaient un à un.

Merci. Tu ne peux pas savoir comme cela me rassure de te savoir près de moi !

Je soupirai à nouveau et laissai tomber ma tête contre son torse, fermant les yeux un instant.

J’ai tellement peur pour Amy… Je ne m’en remettrais pas s’il lui arrivait quelque chose…

Lorsqu'elle posa sa tête contre moi, je me décidais à l'enlacée, la tenant protectivement contre moi. Bien évidement, je pris soin de ne pas écrasée notre petite Amy. Elle était tellement minuscule qu'il fallait vraiment faire attention à tout. Je comprennais aussi parfaitement le fait qu'elle craigne beaucoup pour sa vie.

Je ne laisserais personne touché à un seul de ses cheveux, je te le promet. Si nous la protègeont tout les deux, elle sera en sécurité...

M'arrêtant juste à temps, je conservais le "Du moins je l'espère" que j'avais voulu ajouter. Ce n'était vraiment pas le moment de lui dire ce genre de chose, le plus important était de la rassurée pour qu'elle se calme. Pour le reste, je ferais tout ce qu'il faudrait pour que rien n'arrive à la petite puce.

Avec cette proximité, je pus remarquer plus clairement qu'elle tremblait. Il y avait de quoi! Surtout que jusqu'ici, elle s'était montrée forte et n'avait pas pleurer une seule fois ou laisser s'échapper une réelle information sur son mal aise.

Viens t'asseoir... soufflais-je en tirant doucement à ma suite.

Je la laissais s'installée sur le lit avant de m'y posé à mon tour, enroulant mon bras autours de ses épaules pour maintenir le contact. De mon autre main, j'effleurais délicatement la main d'Améthyste qui se trouvait bien cachée contre Serenity.

Ses bras, c'était tout ce dont j'avais besoin en ce moment ! De la force, une barrière entre moi et le monde, quelque chose qui me protégeait.

Je l'espère... Je l'espère de tout mon coeur !

Il me tira jusqu'à son lit pour me faire asseoir, ce que je fis bien entendu. J'étais légèrement calmée, ce qui me permit de rester en place à côté de lui, son bras autour de mes épaules.

Amy attrapa de sa petite main l'index de Valdios et le serra pour ne pas douter de sa présence. Elle plongea son regard violet dans celui de son père. Elle avait ressenti mon affolement, et je le lui avais transmis bien malgré moi. Après tout, nous sortions à peine de notre relation de fusion, ce qui n'arrangeait pas les choses. Et les enfants sentent lorsque leur mère n'est pas dans son assiette.

Valdios, que va-t-on faire ?

Ca c'était une excellente question. J'eu besoin de réfléchir durant quelques instants, moment que je consacrais aussi à rassurée Amy qui avait prit mon doigt en otage. Je me contentais de lui sourire, chose difficile face au crime qui avait été commis. Mais c'était la seule chose que je pouvais faire, alors je devais faire un effort.

Je suppose que tout ce que nous pouvons faire pour le moment c'est attendre... Dans ce genre de situation, malheureusement, il faut attendre qu'il y ait une autre victime pour en apprendre plus et s'approcher du coupable. Mais j'espère que tout mon coeur que cela n'était qu'une passade et qui ne récidivera plus jamais.

C'est bien entendu avec mon expérience personnelle que je me permettais de dire cela. Mais une chose était sûre, j'étais certain qu'il ne s'agissait pas d'une passade. La liste de cadavres retrouvé allait sûrement devenir longue avant que l'on n'ait la chance de découvrir de qui il s'agissait.

Sais-tu qui à découvert le corps? J'aimerais en apprendre un peu plus sur la manière dont il s'y est prit...

D'une certaine manière, je crois que je désirais aussi savoir si je n'étais pas légèrement en cause dans cette histoire...

Il réfléchit quelques instants avant de répondre à ma question. A vrai dire, sa réponse ne me satisfaisait pas du tout, mais je laissai tomber. Il devait avoir raison... Après tout, il s'y connaissait bien mieux que moi, et il voyait les choses plus clairement.

Il ne récidivera pas... C'était seulement une passade ! tentai-je de me convaincre moi-même. Mais c'était peine perdue...

Je ne voulais pas qu'il y ait d'autres victimes ! Je ne désirais pas qu'il y ait des morts...
Je fus surprise par sa question, mais elle était tout à fait légitime. Je réfléchis un instant avant de lui répondre.

C'est Marie, la cuisinière. Elle passait pour se rendre aux cuisines et elle l'a découverte... empalée sur l'escalier...

Je déglutis péniblement à l'évocation d'une telle atrocité.

Tu n'as qu'à aller voir toi-même. Je ne sais pas tout, mais je ne t'en dirai pas plus, sinon qu'elle était atrocement mutilée...

Cependant, je pensai directement que s'il faisait cela, il serait bien obligé de m'abandonner ici, ce qui me déplut aussitôt.

Je peux aussi appeler les gardes. Ils répondront à tes questions...

L'idée d'aller voir moi même le corps ne m'enchantait guère mais c'était sûrement la meilleure des façons d'en apprendre un maximum sur sa manière de procéder. Même si je ne voulais pas laisser Serenity et Améthyste ici, les gardes de ce palais était bien trop incompétent pour cela.

J'aimerais te demander une faveur...

Je m'arrêtais avant dans dire plus pour réfléchir quelques instants. Etais-ce réellement une bonne solution de les faire venir ici? J'avais tout confiance en eux, mais les connaisant il pourrait se montrer réticent et me rappeler à l'ordre car je passais plus de temps ici qu'aux Enfers. Non, il ne fallait pas que je pense de cette manière! Le plus important était d'assurer la sécurité de la famille royale!

Accepterais-tu que je demande à trois de mes hommes de venir ici? Ils se tiendront tranquille et ne se feront pas remarquer, mais en cas de problème ils pourraient intervenir immédiatement... Personnellement, je serais plus rassuré, s'ils veillaient sur vous deux.

Je fus surprise qu'il me demande ainsi une faveur, sans me l'annoncer de suite qui plus est. Je le fixai avant d'acquiescer.

Tout ce que tu voudras !

Je me rappelais que j'avais promis d'être à son service jusqu'à ce qu'il soit remis de sa blessure. Et ce n'était pas encore le cas, même s'il avait l'air d'aller mieux.
Cependant, je fus étonnée par sa requête. Je ne m'étais pas du tout attendue à cela, à vrai dire ! Faire venir des soldats des Enfers au palais ? Pour nous protéger, Améthyste et moi ? J'étais quelque peu réticente à cette idée...

Mais que vont dire les conseillers ? Ils n'admettront jamais que des soldats de l'armée ennemie rôdent dans le palais... Ils n'accepteront pas le fait qu'ils soient là pour me protéger ! Ils avanceront que je possède déjà une garde royale, et qu'elle est très efficace...

Personnellement, j'étais un peu moins rassurée que lui...

Aie, cela se compliquait déjà. Bon, il est certain que je comprennais son point de vue. En tant de guerre, il ne valait mieux pas laisser des soldats d'une armée ennmie pénétrés sur son territoire. Mais quant même dans ces conditions, ils pourraient faire un effort!

Ce ne sont pas exactement des soldats comme les autres. Il serait peut-être plus juste si je les qualifiaient d'ami. Du moins, je crois... Et puis, l'un deux est un Seigneur Ailé. Mais si tu ne veux pas, je n'insisterais pas plus.

Dommage, cela m'aurait pourtant terriblement facilité la tâche s'ils avaient été présent dans les environs. Mais qu'importe, les Enfers n'étaient pas loin, en cas de problème ils pourraint être ici en un quart d'heure maximum.

Bon que faisons-nous maintenant? As-tu quelque chose d'important de prévu aujourd'hui??

Je réfléchis un long moment, mais ce n'était pas une excellente idée... Quoique...

Si ce sont tes amis... Tu pourrais peut-être les inviter au palais avec pour prétexte de les revoir. Cela ne ravirait pas les conseillers, mais je pense qu'ils n'auraient rien à dire !

En y réfléchissant, ça revenait à peu près au même. Mais le motif changeait juste un peu. Après tout, les conseillers n'avaient jamais vraiment accepté Valdios, alors pourquoi accepteraient-ils ses amis ? Cependant, si ce n'était pas dans un esprit de combat, ils devraient pouvoir venir.

Non, je n'ai rien de prévu. Mais je pense qu'avec ce meurtre, nous allons devoir débattre plus amplement de la sécurité avec le chef de la garde, et la renforcer dans tout le palais. Néanmoins, je crois qu'ils pourraient le faire sans moi. De toute façon, je ne pense pas que je leur serais d'une grande aide.

Soulagé qu'elle accepte plus ou moins, je posais un baiser sur sa joue en guise de remerciement avant de me lever. J'allais farfouillé dans mon sac, en prenant soin aux morceaux de verre cassés puis-ce que je savais maintenant qu'il y en avait, pour dénicher une plume et un parchemin. Par contre, pour l'encre se fut légèrement plus difficile puis-ce que c'était ce flacon là qui était brisé. Mais oui! Voilà pourquoi la plume était noire...

Hum alors tu pourrais peut-être m'accompagner en ville? Je pensais que ce serait plus simple que je les rencontre là-bas pour leur expliquer un peu la situation et connaître leurs avis.

Heureusement, je finis par trouver un petit pot en bois contenant de l'encre rouge, elle était la plupart du temps utilisée à d'autres fins mais pour une fois cela n'allait tuer personne. Je m'installais par terre devant la table basse et griffonnais quelques mots d'une écriture peu soignée. En clair, je leur demandais de se rendre en ville immédiatement et surtout de ne pas s'inquièter. Ils auraient encore été capable de débarquer ici pensant que j'avais des problèmes.

Ainsi tu pourrais juger par toi-même, si tu peux leur accorder ta confiance sur cette affaire...

En quelques secondes, je créeais un petit oiseau en flamme et y enfermais le papier plié en quatre, isolé par une fine barrière composée par les ténèbres. Bref tout un art. Ensuite, je le laissais partir en exécutant quelques mouvements de la main pour le guider de temps en temps.

T'accompagner en ville ?

Mon coeur manqua un battement à cette idée. Ne serait-ce pas plus dangereux là-bas qu'ici ? Mais en y réfléchissant bien, le meurtrier était peut-être encore entre ces murs...

Eh bien... Je n'avais pas prévu ça du tout... Mais d'accord. C'est sans doute la meilleure chose à faire, après tout.

Je finis par acquiescer.

Je suppose que si tu leur fais confiance, je peux en faire de même ! Je te fais confiance...

Amy se mit à gazouiller pour une raison inconnue. Je baissai les yeux vers elle et remarquai qu'elle souriait.

Et Amy ? Je ne vais tout de même pas la prendre avec... Mais j'ai peur de la laisser seule ici... Qu'en penses-tu ?

Je méditais cette idée pendant quelques minutes avant de me diriger vers la meilleure solution à mon avis. Après tout, la laissée seule dans le palais, car oui avec les nounous et les gardes c'est comme si elle n'avait personne pour la protégée, était trop risquer. Et puis, elle avait déjà fait un plus long voyage alors cela devrait bien se passer.

Il est plus prudent qu'elle nous accompagne. Elle ne craindra rien dehors et puis le temps est agréable, c'est un bon jour pour lui faire découvrir son futur royaume. N'est-ce pas, votre Majesté... sussurais-je en lui chatouillant le ventre. Chose qu'elle sembla apprécier vu le gazouillement que j'eus droit en retour.

Sur ce entre-fait là, j'allais jusqu'à l'armoire pour prendre une chemise propre, une blanche bien plus adaptée par cette chaleur, et me changeais rapidement. Je m'emparais ensuite de ma cape qui reposait sur le dossier d'un fauteuil et attachais mon épée à ma ceinture. Ainsi paré, j'étais prêt à partir.

Pour moi, c'est bon. On passe par ta chambre je suppose??

Très bien, elle viendra avec nous. Il est vrai que le temps est beau, aujourd'hui. Personne ne pourrait se douter du drame qui s'est déroulé cette nuit...

Il changea de chemise et je pus apercevoir les bandages qui recouvraient la plaie que je lui avais faite deux jours plus tôt. Je le regrettais toujours amèrement...
Lorsqu'il fut prêt, il se tourna vers moi et j'acquiesçai à sa question.

Evidemment ! Je ne me suis pas apprêtée pour sortir, et Amy encore moins ! Même s'il fait beau, sa tenue n'est pas adaptée à une petite balade en ville. De plus, il ne faudrait pas que l'on nous reconnaisse...

Cela faisait un bon moment que je restais au palais sans en sortir, presque à l'abri des regards. Mais c'aurait été d'autant plus dangereux de ne pas sortir couvert. Pour moi bien plus que pour elle, car tous les habitants d'Eternia connaissaient mon visage - ou presque tous en tout cas.

Nous nous rendîmes donc dans ma chambre et je m'apprêtai du mieux que je pus pour tenter de camoufler mon identité. J'attachai mes cheveux et les remontai pour qu'ils paraissent bien plus courts. Je ne trouvai cependant rien d'autre pour cacher mon visage qu'un capuchon... Il faisait chaud, mais tant pis ! Ce n'était pas la première fois après tout !
Quant à Amy, je lui mis des vêtements plus adaptés avant de rejoindre Valdios qui m'attendait toujours.

Nous sommes prêtes.

Je n'avais pas encore masqué mon visage, cela ne servait à rien tant que nous ne croisions personne qui pourrait attester de ma sortie. Il valait mieux que cela ne se sache pas...

En effet, tu as tout à fait raison...

Comme je m'en doutais, je me retrouvais à faire le piquet en attendant qu'elle se prépare. Heureusement, qu'elle fut rapide que d'habitude ou j'aurais eu le temps de faire une petite sieste réparatrice. Lorsqu'elle fut prête, nous nous mettions en route, marchant tranquillement dans les couloirs du palais.

Il ne nous fallut vraiment pas longtemps pour rejoindre le coeur de la ville. Tout les deux couverts par nos capuches, on ne peut pas dire que nous passions inaperçu mais bon, il fallait s'en accommoder. Comme point de rendez-vous, j'avais choisis la place où peut de gens circulaient à cette heure-ci, préférant l'agitation du grand bazart. Ils étaient déjà là. Trois silhouettes immobiles, cachées sous d'épaises capes beiges qui se fondaient parfaitement dans l'ambiance d'Eternia.

C'est eux... soufflais-je à Serenity alors que je serrais ses doigts dans les miens.

Lorsqu'il nous remarqua, l'un des trois - le plus grand - se détacha du groupe, se permettant de faire tombée sa capuche en souriant. Renato était bien la personne qu'il fallait pour mettre Serenity en confiance avec sa joie de vivre, qu'il diffusait en permanence autours de lui.

Comme d'habitude, tu as du retard Valdios...

Lorsque l'on ne veut pas vexé son souverain, c'est "Pardon, nous sommes en avance" qu'il faut dire. Tu fais toujours cette erreur... me moquais-je, la voix faussement dure.

Lorsqu'il fut suffisement proche de nous, il exécuta une charmante révérence pour ma compagne. Ouf, heureusement il n'oubliait pas sa politesse, lui au moins! Sur ce, je n'hésitais à fusiller les deux autres du regard, qui se courbèrent immédiatement.

C'est un honneur pour moi de vous rencontrez Majesté... lâcha Astaroth plein de sincérité.

Je me laissai diriger par Valdios dans les rues de la ville. Je serrais Améthyste contre moi, et je tenais la main de Valdios. J'étais plus rassurée de cette façon, même si chaque regard porté contre moi me rendait mal à l'aise. Non, ils ne pouvaient me reconnaître sous ce capuchon. Mais nous ne passions hélas pas inaperçus, tous les deux emmitouflés. Heureusement que notre fille s'était endormie, sinon elle nous aurait gratifié de ses adorables gazouillis, ce qui aurait immanquablement attiré d'autres regards sur nous.

Avions-nous l'air d'un couple de fugitifs ? De victimes ayant tout perdu ? Non, la deuxième proposition était à effacer, nos vêtements étaient bien trop précieux pour que les gens pensent cela. Oui, sans doute des fugitifs qui avaient fui devant une illégitimité. Les gens devaient nous voir comme ça et, bien que je tentasse de ne pas m'en inquièter, cette pensée me suivit jusqu'à notre arrivée.

Là, devant nous, se dressaient trois silhouettes fort peu accueillantes au premier abord. L'un des trois s'avança vers nous et dévoila un visage bien plus séduisant que ces encapuchonnés, à qui nous devions nous aussi ressembler en ce moment.

Je les laissai bavarder tous les deux, pensant à cet instant que c'était bien la première fois que je croisais des amis de Valdios. Cela m'était quelque peu étrange, en réalité. Mais il fallait dire que le jeune homme devant nous n'avait rien d'effrayant. Curieusement, son entreint, mélangé aux dires de Valdios à son sujet, me donnait envie de lui faire confiance, allant jusqu'à placer ma vie entre ses mains... de manière raisonnable, bien entendu !

Il ne tarda pas à me saluer dans les règles de l'art, suivi des deux autres qui ne m'avaient toujours pas dévoilé leur visage. Enfin, moi aussi, je restais cachée. Après tout, il y avait tout de même une bonne demi-douzaine de personnes qui passaient encore par ici. C'aurait été trop dangereux...
Je le saluai légèrement de la tête, comme il se doit.

Je vous retourne le compliment. Il ne m'est encore jamais arrivé d'être présentée à un ami qui semble si proche de Valdios que vous... Et pour une première impression, je me dois de vous avouer qu'elle est, sinon excellente, du moins très bonne !

Je m'autorisai un sourire, même si j'étais la seule à le remarquer.

Mon dieu, vous entendez cela les gars? Notre grand empereur reconnaît enfin que nous sommes ses amis, c'est une première...

Crétin de Ren! Je n'allais pas lui faire plaisir de mal réagir et fit donc comme si je n'avais rien entendu.

Avec tout cela, je n'avais même pas prit la peine de les présentés ce qui n'était pas des plus correctes. Aussi, je rattrapais mon erreur en indiquant aux deux autres d'approcher. Ils avaient toujours été plus craintifs lorsqu'il s'agissait de rencontrer des inconnus, alors je comprennais tout à fait leur attitude.

Voici Ren et les deux autres... j'allais jusqu'eux pour faire basculer leurs capuches avant de continuer. C'est Cali et Aaron. Aller pas besoin de tirée une tête de six pied de long, vous pouvez relâcher votre garde et vous comportez comme des gens civilisés.

Comme si j'avais prononcer une formule magique, Aaron osa enfin un sourire détendu avant de se joindre à nous. Sa soeur quant elle, toujours aussi morose, attendait simplement que cela passe.

Alors c'était donc vrai?! Je n'en reviens pas que tu ais une fille et moi qui n'y avait pas cru! Comment s'appelle-t'elle? demanda-t'il toujours poli à l'attention de Serenity.

Je ne comprenais pas tout à fait pourquoi ce grand blond disait cela, mais je préférai ne pas le lui demander. De plus, nous n'étions pas là pour cela !

Valdios me présenta enfin ses trois amis et je fus assez stupéfaite de voir, lorsqu'il baissa leur capuchon, une jeune femme dans leurs rangs. Mais après tout, il y avait de plus en plus de femmes qui prenaient les armes, donc je ne devais pas en être si étonnée !

Je saluai les deux autres, Cali et Aaron, comme je l'avais fait pour Ren. Le deuxième fut ébahi devant Amy, qui ne se réveilla pas pour autant, se reposant de son réveil quelque peu mouvementé. Il me demanda alors comment elle s'appelait, d'un ton fort agréable.

Elle se nomme Améthyste. Cela lui va particulièrement bien car elle possède les beaux yeux de son père ! Vous pourrez le constater lorsqu'elle se réveillera, ce qui à mon avis ne devrait plus tarder.

Elle allait bientôt s'éveiller, son sommeil achevé, pour se rendormir un peu plus tard.

C'est un fort beau prénom en tout cas...

Il lui sourit à nouveau avant reprendre un air bien plus sérieux. Me doutant de la question qu'il voulait posée, je ne pris pas la peine de lui laisser me l'exposée et répondis immédiatement. Autant ne pas faire traîner les choses en longueur.

Si je vous ai demander de venir, ce n'est pas pour une affaire qui concerne notre nation. En réalité, j'ai un service à vous demandez. Pourriez-vous séjourner durant quelques temps au palais? Il y a eut un effroyable meurtre cette nuit et je ne suis tranquille de laisser Serenity et Améthyste seules. Mais surtout, j'aimerais que vous m'aidiez à mettre la main sur celui qui à fait cela...

Je toisais doucement les un après les autres, pour observer leurs réactions mais comme je m'en doutais, en parfait professionels, ils gardèrent un visage impassible. C'est Aaron qui le premier se décida à répondre.

Moi, je marche avec toi. Il serait dommage qu'il arrive quelque à la seule femme qui a réussi à faire de toi quelqu'un de plus au moins supportable.

Et puis on t'a vachement moins dans les pattes depuis... ajouta tranquillement Ren sur le ton de la plaisanterie.

Sympa... Je me tournais vers Cali pour la questionnée elle aussi du regard avant de le faire verbalement. Et toi?

C'était d'elle que je craignais le plus un refus. Avec son foutu caractère, elle était bien capable de m'envoyer boulé sur un coup de tête, juste pour le plaisir d'ennuyer son monde.

Comme tu l'as dit, c'est un service. Je ne suis donc pas obligée de marcher dans ton plan foireux et je n'ai aucune envie de le faire! Néanmoins, il est hors de question que je laisse Aaron tout seul dans ces conditions, je resterais donc dans les parages. Mais compte pas sur moi pour t'aider...

Je respecte ton choix.

Outch, elle était encore très mal tournée aujourd'hui. Sans un mot de plus, elle remit son capuchon et s'éloigna un peu pour retourner là où elle se trouvait lorsque nous étions arriver à Serenity. Tanpis, il faudrait bien faire sans elle. Mais déjà, si Ren et Aaron m'accompagnaient, il était certain que la tâche serait plus facile.